Elle est une fée d’Afrique qui œuvre à changer le continent de sa baguette technologique. La Kényane Juliana Rotich se montre là où il faut être. On peut certes la croiser dans les prestigieuses conférences innovantes TED, au Forum économique de Davos, ou au MIT Media Lab, mais aussi à Kibera, l’un des plus grands bidonvilles d’Afrique, au sud de Nairobi. Mais c’est bien sûr le Web, où sont retransmises ses conférences vues par des millions d’internautes, que Juliana Rotich se révèle. Cette accorte de 37 ans en est persuadée : « Les nouvelles technologies jouent un rôle crucial dans le développement du continent ». La brillante informaticienne née dans un village de la vallée du Rift et formée à l’université du Missouri, aux Etats-Unis, le répète tel un mantra.
Juliana Rotich et ses amis kényans, blogueurs et informaticiens de talent, ont fait montre de leur capacité à agir dans le monde virtuel pour transformer le réel. Ensemble, ils avaient créé, dans l’urgence des violences postélectorales de 2007, le premier logiciel open-source « made in Africa », Ushahidi, pour cartographier les dégâts et les témoignages. De quoi attirer l’attention des fondations philanthropiques américaines et des mastodontes de la Silicon Valley qui lorgnent sur l’Afrique, terre numérique presque vierge et marché prometteur.
Sous l’impulsion de Juliana Rotich et ses amis, Nairobi se mue en capitale technologique d’Afrique adoubée par le patron de Google, Eric Schmidt. Un lieu cristallise cette tendance : iHub, espace communautaire ouvert et moderne fondé en 2010 par son ami blogueur Erik Hersman. Juliana Rotich fait fonction de conseillère de ce laboratoire design et branché au service des start-up. « L’Afrique est en passe de dépasser son problème géographique, se connecte au reste du monde et à elle-même », aime à dire Juliana Rotich.
Avec Erik Hersman, elle pense un autre projet, un autre défi sur lequel planchent aussi Facebook, Google et autres : augmenter l’accès à Internet et connecter non pas seulement les capitales mais aussi les contrées reculées. Depuis iHub à Nairobi, Juliana Rotich a élaboré BRCK, un petit boîtier permettant de se connecter au Wifi même lorsqu’il n’y a pas d’électricité. Une perle d’innovation mise sur le marché l’été dernier. « Ce qui fonctionne en Afrique peut fonctionner partout dans le monde », lâche cette entrepreneure dont les projets valorisent une innovation africaine à l’échelle globale.